Pégoud pilote
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Son instruction de pilote : Le 22 aoà »t 1912, un décret organise l’aéronautique militaire. Quelques semaines plus tard, aux côtés de Carlin, Pégoud participe aux grandes manœuvres aériennes.
Pour poursuivre son instruction, Pégoud doit reprendre un engagement de six mois. Devant l’engouement de son jeune protégé et convaincu de son réel potentiel, Carlin le fait admettre gracieusement en février 1913 à l’école de pilotage de Bron (Rhône-Alpes) dont il vient de prendre la direction. Une semaine suffira ! Son instructeur est le chef-pilote Louis Plantier sur avion Farman. A peine libéré de son engagement militaire, Pégoud se présente aux épreuves du brevet de pilote civil attribué par l’Aéroclub de France. Le 1er mars, la nouvelle tombe : Il est admis sous le numéro 1 243. C’est la joie ! Et le début de nouvelles aventures…
Pégoud à Bron sur avion Farman le 1er mars 1913
A la recherche d’un emploi : Son brevet en poche, il aimerait poursuivre sa carrière militaire dans l’aviation. Mais à cette époque, le pilotage au sein de l’armée française est réservé aux seuls officiers. Il envisage alors de se rendre en Serbie ou en Roumanie, mais il finit par se résoudre à entrer dans l’industrie aéronautique privée fleurissante.
Aussi, Pégoud s’applique à rédiger une lettre de motivation qu’il adresse à plusieurs constructeurs renommés, dont Robert Esnault Peleterie (REP), Louis Blériot, et Gabriel. Ce dernier l’embauche sans grand enthousiasme. Il racontera plus tard à un journaliste (Raymond Saladin) : "Pégoud arrive à mon usine. Je l’engage. Il travaille pour moi sur trois de mes machines. Son allure ne me plaisait pas. Entre lui et moi, il n’y avait pas de fluide. Et puis, il avait de sacrées jambières en cuir jaune qui m’énervaient. Ah ! Ces jambières ! Je finis par me persuader qu’un homme ainsi affublé ne ferait jamais un pilote. Finalement, je le congédiais en lui disant "Si jamais vous devenez aviateur, je veux être pendu par les oreilles !".
Employé chez Blériot Finalement, c’est chez Louis Blériot à Buc, qu’il trouvera à s’employer une semaine plus tard. Nous sommes le 8 mars 1913. Pilote débutant, il est d’abord pris en charge par Edmond Perreyon, 31 ans, chef pilote de l’école Blériot qui vient de se distinguer en détrônant Roland Garros du record d’altitude avec pas moins de 6 000 mètres. John Domenjoz, de nationalité suisse, est également instructeur expérimenté à l’école de Buc. Lui aussi apprendra les ficelles du métier à Pégoud à ses débuts.
Autre personnage clé de l’Aéroparc : Ferdinand Collin. Fidèle collaborateur de Louis Blériot, il est le directeur de l’école de pilotage. Pégoud, à son arrivée est tellement chien-fou, que Collin doit le restreindre de vol en limitant ses provisions d’essence. Il écrira à son sujet : « Il avait pour le vol ce besoin passionné de l’ivrogne pour son vice ». A cette époque, Hélène de Plagino une jeune aviatrice d’origine roumaine l’avait surnommé « Soif d’Azur  ».
Pégoud à Buc en compagnie de Domenjoz (à droite) et un élève mexicain (à gauche)
L’expérience de Trolley Mi-mai, à Buc, Pégoud expérimente "l’aéroplane à trolley", un dispositif qui devait permettre à un avion de s’arrimer sous un câble tendu le long de la coque d’un navire. Pour l’expérience, ce système que Pégoud appelait "le Perchoir" était constitué d’un câble de 80 m tendu entre plusieurs pylônes à seulement quatre mètres du sol. Il fallait une certaine adresse pour venir se placer sous ce câble, et y clipper l’avion à l’aide d’un guide en V fixé à l’avant de l’appareil et doté d’un galet automatique en bronze. On pouvait bien sà »r aussi en repartir avec la même aisance. Début aoà »t, Pégoud en fait la démonstration par grand vent, à plusieurs reprises avec succès, devant le Ministre de la Marine, Pierre Baudin, et quelques amiraux. Ce sont les prémisses de l’aviation embarquée, mais ce système n’aura jamais aucune application concrète.