Victoire sur un Aviatik.

samedi 17 novembre 2012
par  claude thollon-pommerol

Le 11, Pégoud abat un Aviatik.

11 juillet 1915 attaque d’un Aviatik C au-dessus d’Altkirch

« 11 juillet. - On signale un Aviatik survolant région Dannemarie. Neuf minutes après, ne vois rien ; continue ma patrouille vers Thann, Belfort et frontière suisse.

Survole ànouveau Dannemarie et vois au loin, vers Bâle, un point noir grossissant. Bientôt je distingue un superbe Aviatik.

Cherche àattirer sur nos lignes.

Plusieurs simulacres attaque.

Il ne vient pas, survole ligne front. Voyant ceci, fonce dessus et immédiatement passe en dessous de lui, pendant qu’il me tire avec sa mitrailleuse vers l’arrière. Son tir n’a pas de précision, étant gêné par son fuselage.

Cherche àme placer toujours en dessous, y réussis par mes évolutions souples et rapides, épousant absolument les mouvements de l’avion ennemi. Arrivé par un bond àenviron 50 mètres au-dessous, commence àle mitrailler avec une première bande de 25 cartouches, en visant un peu derrière le moteur, ensuite fauchant le pilote et le passager.

Après une dizaine de cartouches, l’avion pique du nez en chute ; des flammes sortent du fuselage ; le poursuis dans sa chute, tirant toujours et rechargeant ma mitrailleuse.

A 1600 mètres, me trouvant sur lignes ennemies dessus Altkirch, redresse mon avion, en surveillant la chute de l’Aviatik qui va s’écraser sur la route, àcôté d’Altkirch, entre la voie ferrée et le village, où les débris restèrent très visibles.

Suis fortement canonné. Rentre àFontaine, pendant que notre artillerie tire sur le rassemblement provoqué par la chute de l’avion, àenviron 2 kilomètres de nos lignes ; grande joie àFontaine.

Téléphone au Grand Quartier, au Bourget et Remiremont, reçois félicitations de partout.

Mon appareil est pavoisé par mécaniciens de l’escadrille : très beau.  » JPEG - 108 ko

12 juillet 1915

Ordre N° 21

« Le Capitaine Voisin est heureux de transmettre aux Escadrilles de la 7ème armée les félicitations du Général de Maud’huy pour leur coopération aux attaques de la 41ème Division sur la Fontenelle, le 8 juillet dernier, où elles ont fait preuve des qualités d’activité et d’endurance qui avaient été déjàappréciées par le commandement au cours des combats de METZERAL.

Les escadrilles ont pu se convaincre en outre que nous gardons sur nos adversaires de l’air, la supériorité morale ; pendant les 5 heures qu’a duré la bataille, aucun aviatik n’a tenté de troubler le travail si utile exécuté par nos avions.

Cette supériorité morale ne peut que s’accroitre après le succès de l’adjudant Pégoud abattant un avion allemand au-dessus d’Altkirch le 11 juillet.

Le capitaine Voisin le félicite chaleureusement au nom de la 7ème armée et le remercie d’avoir vengé nos camarades de la M F 14, le lieutenant Chardin et le sous-lieutenant Richard tombés au champ d’honneur le 26 juin dernier.  »

(JMO Escadrille MS 49)

« Dans la façon de procéder qui vient d’être analysée on voit la tactique aérienne de Pégoud. Ce fut làson dernier exploit, non qu’il se reposât, mais les aviateurs ennemis, qui savaient sa présence sur cette partie du front, la fuyaient et rentraient dans leurs lignes aussitôt que cet adversaire redoutable était reconnu dans le ciel.

Cette fuite n’est-elle pas le plus certain des hommages, l’aveu d’une supériorité qu’on se sait incapable d’affronter ?

Mais l’ennemi épie àson tour. Il suit la manœuvre de celui qu’il redoute, il n’ignore plus comme il combat et comment on pourra l’atteindre. Insoucieux du danger, conscient de sa force, Pégoud néglige un peu trop sa protection personnelle, convaincu que sa présence d’esprit saura toujours le sauvegarder.

Le 15 juillet, il a été nommé sous-lieutenant de cavalerie et n’apprend l’événement que par hasard, àParis, dix jours plus tard.

« Fais courses, écrit-il le 27 juillet, sur son calepin. Apprends par journal que suis passé sous- lieutenant de cavalerie depuis le 15 juillet. Commande tenue. »

Bientôt, une troisième citation àl’ordre du jour de l’armée, très flatteuse encore et qui va compléter, par la croix de la Légion d’honneur, la série des récompenses déjàobtenues par Pégoud, vient récompenser toutes ces actions d’éclats.

C’est alors que cette carrière étonnante d’audace va se trouver brusquement interrompue.

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