Le premier des AS

A la déclaration de guerre Pégoud qui devait partir faire une tournée aux Etats-Unis est mobilisé comme réserviste.

Contrairement à beaucoup de pilotes civils il sera rapidement affecté en escadrille. Son statut de réserviste, sa notoriété, mais aussi ses relations avec les pilotes militaires expliquent cette situation. Comme réceptionneur chez Blériot, il a régulièrement côtoyé les pilotes militaires venant prendre livraison des commandes de l’armée.

« Le 21 juin 1913, le Capitaine Jacques Faure et les Lieutenant Marie et Gouin ont rejoints par la voie des airs, venant de Saint-Cyr, la commission des marchés de l’établissement de Chalais-Meudon, composée du Capitaine Destouches, des lieutenants Marcel Boucher, Edmond Gaubert … A bord d’un Blériot biplace en tandem, les pilotes Pégoud et Domenjoz ont emmené successivement tous les membres de la commission comme passagers, puis les deux officiers ont piloté eux-mêmes. La commission a adopté de façon définitive ce modèle de Blériot en tandem pour les prochaines commandes de l’aéronautique militaire

Place de Verdun

Après la période de concentration la 3ème Armée se développe au nord, nord-est de Verdun en prenant appui sur la Place Forte. Du 14 au 21 elle fait mouvement vers le nord-est pour s’organiser sur la ligne Pont-à-Mousson Chambley, Etain, Jamets.Le 6ème Corps d’Armée s’est déployé dans la région Fresne en Woevre, Etain à l’est de Verdun

Les escadrilles sont stationnées à Verdun. Note de service : « 13h15. Cet après-midi arriveront par la voie des airs, de Paris, deux aéroplanes montés par Pégoud et Garros » (Journal des Marches et Opérations du sous-secteur Bois Bourru.)Les aviateurs célèbres sont remarqués, ceux qui ne le sont pas encore le deviennent. Mais, erreur, le rédacteur de la note a confondu ou mal compris le message téléphonique. La popularité de Garros fait de l’ombre à Garaix,

(Cahiers de Comptabilité en Campagnes. Escadrille MF 7. 4ème trimestre 1914)

Le 14 Pégoud arrive donc en renfort de l’aviation de la Place Forte de Verdun avec celui qui restera son mécanicien en premier : Lerendu, accompagné de son mécanicien en second : Valentin. Il est venu avec son appareil Blériot, et est rattaché à l’escadrille HF 7 dotée elle d’appareils Henry Farman. Le lieutenant Gautier, commandant de l’escadrille 7, blessé lors d’une reconnaissance, a été évacué sur l’hôpital de Verdun. Il est remplacé à la tête de l’escadrille par le capitaine Henri Vaudein. Le Blériot de Pégoud sera bien utile pour renforcer l’effectif mis à la disposition du Centre d’Information Aérienne. Durant cette période, en effet, les escadrilles sont directement sous les ordres du renseignement et ne seront « rendues » que plus tard aux Armées et Corps d’armée.

Première mission : Lancer de tracts.

C’est donc pour le GQG (Grand Quartier Général) que Pégoud effectue sa première mission : Lancer des tracts au-dessus des territoires lorrains sous administration allemande. La guerre psychologique est lancée ! Il faut expliquer aux populations que seule l’ALLEMAGNE PORTE LA RESPONSABILITE DE LA DECLARATION DE GUERRE. Le mauvais temps contrarie ensuite le travail de l’aviation et aucune mission n’est effectuée jusqu’au 18. Le 18 août Pégoud emmène le capitaine Labordère pour une mission d’observation dans la région de Sierk. Cette mission signale des villages occupés, mais ne décèle aucune activité importante. Le 19 c’est le capitaine Burg que Pégoud emmène profondément dans le territoire allemand au-dessus du Luxembourg jusqu’à Grevenmacher. Le rapport d’observation note entre 9h et 9h30 la vision d’un régiment puis d’une brigade d’infanterie ainsi que d’un groupe d’artillerie.

Si l’on en croit la presse, cette mission de reconnaissance du 19 était une mission offensive d’observation accompagnée de bombardement dans laquelle l’avion fut pris à parti par la défense allemande et abondamment canardé. Bombardement est à l’époque un bien grand mot car les projectiles lancés sont presque dérisoires et souvent improvisés. Pas de lance-bombe, pas de viseur, des obus de 90 « réformés »…Pégoud ne participera pas aux missions de renseignement du lendemain : il doit remplacer son avion et se rend pour cela à Paris.

Pégoud à Paris

Largement canonné lors de sa première mission, Pégoud doit remplacer son appareil. Venu remplacer son avion, Pégoud retrouve à Paris une ambiance qu’il a bien connu. « Le correspondant à paris de l’Exchange Telegraph Company envoie les renseignements suivants : Je viens de voir Pégoud l’inventeur du « looping the loop », au ministère de la guerre où il a reçu les félicitations du ministre. Il est venu à Paris pour obtenir un nouvel aéroplane, le sien ayant eu les ailes criblées de 97 balles et d’éclats d’obus, pendant qu’il accomplissait un raid audacieux de 180 miles [environ 290 km] en territoire germanique. Il n’a pas pu me dire où il était allé mais il m’a déclaré qu’il avait volé au-dessus du Rhin avec un officier observateur et fait sauter au moyen de bombes deux convois allemands. Le capitaine Finck a-t-il ajouté, a éventré avec des bombes le hangar de Frescati près de Metz où il y avait un Zeppelin qui a été détruit. Il y avait trois Taube qui ont été mis en pièce.

(l’Humanité, 22 août 1914)

« Les journaux de l’après-midi d’hier content que Pégoud était venu à Paris pour obtenir, a-t-il dit, un nouvel aéroplane, le sien ayant été percé comme une écumoire par quatre-vingt-dix-sept balles et par deux obus, lorsqu’il fit, au-dessus du territoire allemands, un vol qui atteignit une longueur d’environ 300 kilomètres. Pégoud n’a pas dit où Il était allé, mais il a simplement déclaré qu’il avait traversé le Rhin en compagnie d’un officier observateur, et qu’il avait fait sauter, au moyen de bombes, deux convois militaires allemands. Le récit, quelque peu imprécis, de ce brillant exploit, bien digne de l’admirable pilote qu’est Pégoud, n’a point été confirmé officiellement (La Croix 23 août 1914)

Une ovation des plus chaleureuse a été faite, hier soir, à l’héroïque aviateur Pégoud.

De retour de la frontière, celui-ci était venu chercher, à son domicile à Montmartre, sa correspondance et divers objets. Au moment de remonter en automobile, à l’angle des rues Custine et Becquerel, il fut reconnu par les passants qui, bientôt attroupés, l’acclamèrent frénétiquement ; certains l’embrassèrent même en le serrant dans leurs bras. Emu jusqu’aux larmes, l’intrépide soldat aviateur voulut se dérober. Mais ce ne fut que difficilement qu’il réussit à prendre place au volant de sa voiture qui dérapa tout de suite en vitesse par la rue Bachelet, poursuivie par les cris de « Vive Pégoud ».

(Petit parisien, 24 août 1914) Looping the loop, utile ou inutile ? « …Tandis que nous nous émerveillions de la voltige prodigieuse, mais inutile, d’un Pégoud… » « J’ai dit l’admirable courage, presque l’héroïsme, de la population parisienne devant les Taube, qui, cependant, promènent la mort au-dessus de la cité et la répandent dans ses rues. Comment se fait-il qu’on ne puisse nous préserver de ce danger devenu presque quotidien ? Je n’accuse personne. Mais, enfin, qu’on se rappelle

Que n’a-t-on pas dit à l’éloge de nos maîtres de l’air ? Combien de fois et sur quel ton ne nous a-t-on pas répété que l’organisation de notre flotte aérienne était incomparable ? De quelles railleries n’avons-nous pas accueilli les essais des Allemands sur un terrain que nous nous croyions exclusivement réservé ? Or, tandis que nous nous émerveillions de la voltige prodigieuse, mais inutile, d’un Pégoud, les Allemands travaillaient avec application dans le sens pratique.

Aujourd’hui, qu’arrive-t-il ? Des Taube apparaissent, lancent leurs bombes, puis s’éloignent paisiblement sans qu’aucun aéroplane ne se montre à l’horizon prêt à leur donner la chasse. Certes, nos aviateurs nous ont rendu et nous rendent chaque jour, sur le front, des services signalés. Mais la police des airs, au-dessus de Paris, est aussi importante qu’ une autre. » Arthur Meyer

(Le Gaulois, 12 octobre 1914) « Au vrai, l’acrobate était tout simplement un soldat qui s’exerçait. »

« Quand notre Pégoud innovait le looping the loop en aéroplane, après s’être émerveillé d’une pareille hardiesse, on fut tenté de crier à l’acrobatie. Au vrai, l’acrobate était tout simplement un soldat qui s’exerçait.

Lorsque l’aviateur alla en Allemagne, il y fut l’objet d’une curiosité frénétique. C’est qu’on ne s y trompait point, et qu’on savait que lorsque ce serait pour autre chose et pour tout de bon, le pionnier intrépide serait un ennemi à peu près invulnérable et terriblement clairvoyant.

L’ennemi aussi a ses avions. C’est dans le ciel la guerre des grands oiseaux. On s’épie, on se pourchasse. Mais là encore, à la technique purement mécanique qui peut faire d’un Taube un bon outil allemand s’ajoute cette supériorité qui tient aux seules qualités de la race et qui, dans une action toute d’improvisation et de sang-froid, abandonnée à l’initiative individuelle, maîtresse de l’heure, est prête à tous les sacrifices, est comme l’âme même -l’âme française- de chacun de nos avions. »

(L’Eclair, M. Georges Montorgueil)

Pégoud quitte Verdun pour une mission de reconnaissance avec Lerendu : informer le haut commandement de la situation à Maubeuge.

De retour au front, le 1er septembre, c’est encore pour le haut commandement qu’il effectue la mission qui lui fait quitter Verdun. Pégoud est en effet rayé des contrôles comptables de l’escadrille MF 7 le 1er septembre et y sera réintégré le 22, de même que Lerendu qui l’accompagne comme mécanicien-mitrailleur. A partir des carnets tenus par Pégoud, Paul Bonnefon fait le récit de cette équipée.

« De Verdun à Maubeuge »

A Maubeuge, au début de septembre, son sang-froid lui vaut sa première citation. On savait la ville, investie, mais on ignorait encore son sort. Le 2 septembre 1914, Pégoud est envoyé en mission, avec son mécanicien Lerendu, pour Reims et Maubeuge. Dominant la bataille de Suippes, l’aéroplane est atteint de quelques balles dans les ailes, ce qui, après un assez pénible atterrissage à Reims, oblige à venir à Buc pour réparations. Nouveau départ, le 6, et, vers 10 heures, on est au- dessus de Maubeuge, non sans quelque panne aisément réparée, au nord de Compiègne. Pégoud s’apprête à atterrir au camp d’aviation de Maubeuge, quand il remarque que les hangars sont vides.

Aussitôt de gros obus noirs éclatent autour de lui. Des éclats atteignent même l’appareil. Il remonte à pleine puissance du moteur, et, perdu dans les nuages, peut observer quelque peu. La place a succombé, plusieurs villages des environs sont en flammes : il n’y a qu’à retourner au plus vite. Mais l’essence va manquer, car il vole depuis cinq heures ! Après avoir dépassé Lille, l’avion se soutient encore pendant un certain nombre de kilomètres, mais à une faible hauteur. Désormais on ne saurait aller plus loin. Pégoud aperçoit un champ entouré de bois, en forme de fer à cheval. C’est là qu’il descendra à tout hasard, sans savoir si le pays est envahi. Il est près de Combles, dans la Somme, entre Albert et Péronne.

L’ennemi est venu jusque-là, comme en témoignent des cadavres allemands gisant sur le sol. Pégoud cache, autant que possible, son appareil dans le bois et se met à explorer les environs, en quête d’essence pour repartir. Après bien des péripéties, il finit par en trouver deux bidons, chez un maréchal-ferrant qui en avait enfoui dans sa cave, et obtient trois litres de ricin chez un pharmacien. Il pourra se sauver.

Dès le lendemain, à l’aube, il se met en route, et c’est heureux, car, au moment du départ, des uhlans apparaissent et se hâtent de tirer des coups de feu. Mais l’avion prend de l’espace et peut gagner Abbeville, où Pégoud et Lerendu se restaurent un peu, car, en vingt-quatre heures, ils n’avaient absorbé que deux œufs. »

La 3ème armée après la bataille de Revigny s’établit au nord et à l’ouest de Verdun.

Les escadrilles qui lui sont attachées déménagent.

Le 22 septembre la MF 7 part pour Clermont en Argonne.

«  C’est seulement le 27 septembre que Pégoud fit établir, sur son monoplan Blériot, un support de mitrailleuse, destinée à la chasse des appareils ennemis.

Mais il ne s’ensuit pas que, jusque-là, ses explorations fussent sans effet direct : souvent on lui donnait pour mission de lancer des fléchettes sur les rassemblements allemands, et son ingéniosité s’en tire à merveille. Il le note avec satisfaction. « A Avillers, mentionne-t-il, le 29 septembre, lancé une boîte, de 500 fléchettes, qui jettent la débandade dans le parc. Remarqué la dispersion en tous sens. » Le lendemain et le surlendemain, Pégoud détruit deux Drachen. Avec soin l’aviateur note tout ce qu’il accomplit : ses rapports sont des modèles de netteté et de précision dans le détail. Son aventure de Maubeuge et ses observations autour de Verdun, pendant la bataille de la Marne, lui valent la citation dont nous avons parlé, pour avoir fait preuve, « depuis le début de la campagne, de qualités exceptionnelles de hardiesse et de sang-froid, particulièrement au cours d’une mission à Maubeuge »

Citation à l’ordre de l’Armée en date du 9 Octobre 1914 :

« Soldat Aviateur Réserviste : se dépensant sans compter, a fait preuve, depuis le début de la campagne, de qualités exceptionnelles de hardiesse et de sang froid, particulièrement au cours d’une mission. A eu par trois fois son avion criblé de projectiles. » De plus, on nommait l’aviateur sergent à la même époque.

Décembre 1914 Télégramme Directeur Service Aéronautique G.Q.G. à Ministre Guerre (12ème direction) BORDEAUX N° 6946. 31/10

« Avions allemands venant constamment survoler VERDUN et jeter bombes, le commandant de l’armée demande immédiatement appareil spécial de chasse. PEGOUD pourrait utiliser avion MORANE biplace 80 chevaux RHONE non parasol actuellement en service chez constructeur. Pour donner satisfaction à armée VERDUN et à défaut autre appareil existant actuellement vous demande acheter un de ces appareils. PEGOUD pourrait réceptionner cet appareil à VILLACOUBLAY et le conduire à VERDUN qui dispose de l’armement nécessaire. » Signé BARES

22 décembre 1914 L’Escadrille MF 7 effectue dans les Hauts de Meuse 8 réglages de tir pour l’artillerie . Plusieurs dépôts de munition ennemis sautent dans le bois de Varmont. Une reconnaissance détermine 4 emplacements nouveaux de batteries et de tranchées. Pégoud en Blériot lance 2 obus sur Vauquois, tire sur un avion allemand qui atterrit aussitôt dans ses lignes et donne la chasse sur Morane à 2 avions allemands qui s’enfuient.

Pégoud dispose donc de 2 avions : un Blériot XI-2 et le Morane qui lui a été attribué pour chasser les allemands du ciel de Verdun. Ni l’un ni l’autre de ces avions n’ont leur pareil dans les escadrilles de Verdun.

25 décembre « Mais jusqu’ici les fameuses bombes (allemandes) n’ont tué personne. Je ne parle point des fléchettes et des petits papiers semés à profusion par les aviateurs boches ; je note simplement que le jour de Noël nous assistâmes à une course fort jolie : un avion allemand venait de jeter deux bombes sur Verdun, et les canons de nos forts essayaient d’atteindre ce provocateur, quand un grand silence se fit. Pégoud, sur son monoplan, venait de s’élever et tirait sur le Boche avec sa mitrailleuse ; alors ce fut une course éperdue, jusqu’à ce que l’avion allemand disparût derrière Montfaucon, salué par une dernière salve du fort de Bois-Bourru. Depuis, nous n’avons plus vu d’avion boche. » (Article – Le Temps Jeudi 7 janvier 1915 )

Le 27 décembre, après une amicale fête de Noël, célébrée aussi gaiement que possible, Pégoud note dans ses carnets cette randonnée, dans tous ses détails familiers : « Temps nuageux. Matin, observation Verdun : aucun avion boche. A 13 h. 30, pars avec huit obus vers Nantillois. A 1 400 mètres, sur Bras, rentre dans nuages. Brouillard, pluie continue sur Nantillois. Taxi toutes positions ; vois rien. Essuie lunettes continuellement. Boussole coincée. Après une heure et demie d’ennuis de toutes sortes, pique pour me reconnaître. Aperçois à 600 mètres, sous brouillard, beau drachen. Lance mes huit obus, panique générale dans rassemblement. Reçois nombreux coups de canon. Remonte dans brouillard, me reperds, repique pour voir, vole à 1000 mètres, remonte brouillard, repique à 800 mètres.

Equilibre appareil et boussole et prends direction sud-ouest. Reste une heure d’essence.

Grinche comme un voleur.

Sais pas où je suis et reçois coups de canon. Suis à 800 mètres ; remonte, brouillard.

Repique ; aperçois gare, assez grande. Reçois coups de canon, remonte brouillard ; repique après vingt minutes, me retrouve sur gare.

Rugis comme un fauve.

Essence : 15 litres. Reçois coups de canon, prends résolution de voler sous le brouillard à 800 mètres, prends direction sud-ouest jusqu’à épuisement essence, malgré coups de canon.

Aperçois au loin petit village. Approche. Reconnais Etain. Respire à pleins poumons.

Sauvé ! Mille tonnerres !

Pique plein moteur. Plein vent dans le nez ; avance pas ; essuie toujours et toujours lunettes. Casse un verre avec son encadrement.

Survole Etain à 400 mètres ; pique toujours plein moteur.

Arrive à Verdun plein brouillard ; à 50 mètres, reçois grêle et pluie. Ne vois rien. Œil me fait très mal. Atterrissage superbe malgré tout, comme impression.

Respire nez au vent, pleins poumons. Mais mille polochons, ouvrirai l’œil plus que jamais.

Rapport fait de suite. Capitaine étonné avec officiers. »

« Et voilà comment, moitié gouailleur, moitié sérieux, Pégoud retrace, en son langage pittoresque, ce qu’il vient d’accomplir. Cet incident s’est passé sur Verdun, où l’aviateur a déjà donné d’autres preuves de son expérience, mais où il ne doit pas demeurer longtemps encore », nous dit Bonnefon .

Mission qui sera relevée dans le JMO de la 3ème armée en ces termes :

« Escadrille 25 : un avion lance 12 obus sur un objectif spécialement désigné »

Le sergent Pégoud profite des nuages pour descendre à 600m et lance 8 obus sur un drachen ballon. »

Quoiqu’il n’y soit pas encore administrativement détaché Pégoud travaille avec l’escadrille MF 25 qu’il rejoindra un mois plus tard

En Champagne le 18 janvier Pégoud force un biplan à rentrer dan ses lignes.

21 janvier 1915.

Mutation à l’escadrille MF 25 équipée d’avions Maurice Farman. Le chef d’escadrille est le capitaine Charles Rossner.

L’escadrille quitte Verdun pour Saint Menehould. Toujours doté de son avion spécial, Pégoud salue Verdun de quelques acrobaties dont il a le secret.

« Une Journée Bien Remplie

En janvier, son escadrille est désignée pour opérer à Sainte-Menehould et il s’y rend bien vite, non sans avoir salué Verdun, au départ, de quelque vol à renversement, comme il saluera, à l’arrivée ; sa nouvelle résidence. Les détails abondent, dans ses notes, sur cette installation car ce vigilant sait voir et retenir les menus incidents de son existence et en tire aussitôt l’enseignement qu’ils comportent. Ce n’est pas le lieu de s’y arrêter. Recueillons plutôt, sous la plume de Pégoud, le récit d’une prouesse, accomplie le 5 février, et qui valut à son auteur les compliments les plus justement mérités.

« Temps très clair. A 9 h. 35, pars sur Morane, avec Lerendu, et deux heures vol, pour reconnaissance avions boches et protéger nos avions.

A 2000 mètres, survolant région Grand-Pré, arrive un Taube direction sur moi. Le charge à environ 50 mètres en dessous, avec mitrailleuse. Il fait demi-tour ; le poursuis à environ 100 mètres de distance, continuant à le mitrailler. Après une minute de poursuite, Taube, très nettement atteint, fait une longue glissade sur l’aile gauche et tombe en chute, l’avant de l’appareil entouré de fumée, et de feu, et des lambeaux de toile déchiquetés aux ailes, disparaît dans le vide, vers sud Grand-Pré.

Aperçois presque aussitôt deux Aviatiks, l’un survolant la région sud-est de Grand-Pré, l’autre survolant la région nord-est Mont-faucon. Attaque avec mitrailleuse le plus rapproché, celui vers Grand-Pré. Aux premiers coups de feu, Aviatick pique plein moteur ; charge sur lui verticalement avec moteur et mitrailleuse. Vu très nettement Aviatik touché par mitrailleuse.

Après l’avoir vu piquer complètement dans le vide, redresse mon appareil à 1500 mètres, reprends de la hauteur en me mettant à la poursuite du deuxième Aviatik, survolant en ce moment Montfaucon.

L’aborde à environ 40 mètres en dessous, avec mitrailleuse.

Aviatik soutient le combat pendant environ cinquante secondes, ripostant par fusil automatique. Se sentant touché, l’Aviatik pique dans un virage. Le charge en vol plané, verticalement, faisant tirer continuellement mon mitrailleur.

Ai vu très distinctement Aviatik touché par mitrailleur aux ailes et à la queue. Après l’avoir vu disparaître dans le vidé, à 1400 mètres, redresse mon appareil ; suis encadré par obus ennemis petit et gros calibre.

Atterris Sainte-Menehould à 1 h. 45.

En atterrissant, rentrant avion hangar, et pas prévenu, ne vois pas Morane derrière moi, l’accroche avec aile gauche : deux ailes démolies, la sienne et la mienne.

Escadrille M. F. 37 vient d’atterrir et en fais partie, à la date du 6 février 1915.

Fais monter mon Morane de réserve pour remplacer le premier.

Reçois félicitations de tout le centre, du commandant et son état-major. Le général Julien, commandant le génie, vient me voir et me félicite, m’invite à dîner pour ce soir.

Ensuite le commandant des étapes et plusieurs officiers me félicitent et m’invitent à dîner pour après-demain soir.

Fais mon rapport ; reçois félicitations sur toute la ligne.

Me prépare pour aller dîner avec général. Arrive hôtel Saint-Nicolas à 7 heures, où il mange avec, tout son état-major. Environ quarante couverts. Présentation à tous. Dîner très charmant ; pas de cérémonie et d’étiquette, très intime. Reçois félicitations de tous, qui me demandent renseignements. Tout le monde se retire 8 h. 30. Chic et gentil. Rentré et couché. »

C’est là, en style télégraphique d’une sincérité manifeste, l’emploi d’une journée bien remplie par quelqu’un qui a fait tout son devoir, s’en réjouit, mais ne parade pas pour cela. Le motif de la seconde citation de Pégoud à l’ordre du jour de Tannée fait allusion à cette prouesse de l’aviateur. Pégoud la consigne, pour lui-même, dans son carnet intime, où il se montre dans son abandon de triomphateur modeste( Bonnefon)

Janvier Février 1915 : Un mois avec la MF 25

Escadrille 25 du 21 janvier 1915 au 6 février 1915.

Toujours titulaire d’un avion atypique, Pégoud est envoyé sur la région du front où il peut rendre service grâce aux performances de son « taxi ». Dès lors les missions qui lui sont confiées différent de celles de ses camarades d’escadrilles.

Par ailleurs la spécialisation des escadrilles commence à s’appliquer, et la 25 va s’orienter vers le bombardement alors que le Morane de Pégoud est un avion de chasse.

Alors qu’il est à la MF 25 stationnée à Sainte Menehould, Pégoud remporte un combat successivement contre trois avions allemands, d’abord contre un Taube au-dessus de Grand Pré, puis contre deux Aviatiks au-dessus de Montfaucon

Rapport de Pégoud

Cet exploit lui vaudra la médaille militaire

Médaille militaire par ordre du 17 février 1915 :

« A, à plusieurs reprises, poursuivi des avions ennemis. Le 5 février 1915, a attaqué à bonne distance un monoplan et en provoqua la chute ; presque immédiatement après, il pu rattraper deux biplans successivement provoquer la chute du premier et forcer le second à l’atterrissage. »

Avec l’escadrille MS 37

samedi 17 novembre 2012
par  claude thollon-pommerol

Escadrille 37 du 6 février 1915 au 18 avril 1915.

Partie de Chateaufort (78) où elle a été constituée la MS 37 arrive à Sainte Menehould le 6 février 1915 au service de la 3ème Armée et elle intègre Célestin Pégoud qui va enfin participer à une escadrille homogène équipée d’avions Morane-Saulnier

Grande activité aérienne en Argonne :

1er avril1915

A Clermont en Argonne, à 6 heures, cinq avions allemands volant à faible hauteur lancent 16 bombes, 2 tués, 3 blessés. Le brouillard a permis à ces avions de s’approcher sans être aperçus. (JMO 5ème Corps d’armée)

L’aviation française est mobilisée. Le 3 avril Pégoud abat deux avions allemands : un Biplace au-dessus de Somme-Bionne, un Aviatik C dans la région de Châlons-sur-Marne

Capture de deux avions allemands

Nous assistons depuis quelques jours, dans la Marne, à de nombreuses luttes entre aviateurs.

Samedi matin, un. Aviatik survolait la ville de Sainte-Menehould. Il avait comme objectif la ligne de chemins de fer, sur, laquelle il lança neuf bombes, dont pas un d’ailleurs n’atteignit son but. Elles tombèrent dans une prairie voisine et ne firent aucune victime. L’aviatik se tenait à une très grande hauteur, d’où il lui était difficile de viser juste, mais d’où il était invulnérable aux obus des canons spéciaux qui tonnaient vainement contre lui.

A ce moment, l’aviateur Pégoud s’élança dans les airs aux acclamations de la foule que les détonations avaient attirée. Mais l’aviatik refusa le combat et s’enfuit à tire d’aile. Quelques heures plus tard, deux avions ennemis étaient signalés, et nos aviateurs s’élevèrent aussitôt pour les recevoir. Ce que voyant, les Allemands n’approchèrent pas. Vers le soir, nouvelle alerte. Un Taube venait. Mais du moins, celui-là ne s’en retourna pas. Pégoud faisait sa ronde. Il fonça sur l’oiseau boche si rapidement qu’il put l’atteindre au-dessus de Somme-Bionne. Là, quelques coups de fusil bien ajustés eurent raison du Taube, qui piqua du ; nez et tomba en vol plané, tandis que Pégoud, victorieux, venait s’abattre auprès de lui. Les deux aviateurs allemands, le pilote et l’observateur, sans blessures, furent faits prisonniers. (La Lanterne, 7 avril 1915)

« Le célèbre Pégoud, la terreur des « Taubes » survolant les lignes ennemies a laissé tomber à profusion de son aéroplane ces jours derniers des papillons dans le but de faire connaître à l’armée allemande les importantes nouvelles que leur cache le haut commandement.

Ces papillons annoncent la reddition de Przemyal

« La grande forteresse autrichienne Przemyal a capitulé le 23 mars 1915. Elle a été rendue sans condition au vainqueur par son gouverneur le général Kusmanek, avec toute sa garnison et tout son matériel de guerre. Sont ainsi tombés aux mains des russes : 9 généraux, 95 officier d’état-major, 2’500 officiers et fonctionnaires militaires, 117’000 sous-officiers et soldats. Le brave Pégoud qui a démoli 3 « taubens » sans compter d’autres glorieux exploits depuis huit mois était bien qualifié pour cette mission. »

(La Presse, 13 avril 1915)

Le Haut Commandement mesurait-il les risques qu’il faisait prendre ?

« Taxi neuf ; moteur médiocre Plusieurs boches venus survoler Sainte-Menehould, lancent bombes. A 15 h. 20, pars sur machine avec Lerendu, poursuis Aviatik survolant région Sainte-Menehould à environ 3 000 mètres. Commence à le mitrailler à environ 1 000 mètres en dessous, prends de la hauteur, le poursuis avec mitrailleuse jusque dans ses lignes où il pique aussitôt. Survolant région Somme-Py, poursuis deuxième Aviatik ayant direction sud. A mon approche, Aviatik fait demi-tour, à environ 1 800 mètres de distance, le poursuis avec mitrailleuse dans ses lignes, où il pique. Survolant région Hurlu, à 2500 mètres, charge un troisième Aviatik survolant la même région à environ 2 100 mètres. L’attaque à environ 50 mètres au-dessus, avec mon revolver, et mon mitrailleur avec carabine à répétition. Aviatik cherche à reprendre de la hauteur, en ripostant avec fusil automatique. Continue à le survoler de très près, mitrailleur et moi tirant sans relâche. L’Aviatik, certainement touché, pique brusquement au sol ; n’ai pu surveiller sa chute, mon moteur commençant à bafouiller par manque d’essence. Atterris tout près terrain 16 h. 20. Reçu, au cours de la lutte, une balle dans aile gauche. Reçois confirmation du capitaine de l’escadrille et du capitaine d’artillerie de la ligne de feu qu’Aviatik était tombé dans ses lignes, près du front. »

Pégoud passe à l’escadrille MS 49 le 18 avril.

samedi 17 novembre 2012
par  claude thollon-pommerol

Le 4 avril, le Détachement de l’Armée des Vosges devient la VIIème Armée,

Mission générale : Protection de la Trouée de Charmes.

De gauche à droite:Lieutenant L’Huillier, Lieutenant Lucas,sous-lieutenant Gilbert,sous-lieutenant Clément, capitaine Roeckel, capitaine Zarapoff, sous-lieutenant Courrière, sous-lieutenant Jensen

Lieutenant Minteguiaga, lieutenant Robert, lieutenant Gastin, sous-lieutenant Pégoud


  • L’activité de l’escadrille est celle d’une escadrille d’armée à laquelle elle est rattachée.

Dans le JMO (Journal des Marches et Opérations) les événements et missions sont consignés. Les rapports des différentes missions ne sont pas toujours parvenus jusqu’à nous.

25 avril

Transport de l’Escadrille à Lure

26 avril1915

Réparation d’avion

27 avril

Reconnaissance d’armée

Pilote adjudant Pégoud, Observateur lieutenant L’Huillier

Le 28 du même mois, nouvelle expédition plus longue et plus fructueuse.

28 avril

Ordres donnés :

“Mission : survoler la région de l’Hartmanswillerkopf, Bolwiller, Guebwiller. Durée du vol 2 heures.- Noter si possible observations de mouvements éventuels sur routes de la région.”

A 8heures adjudant Pégoud, observateur lieutenant Gastin

« 28 avril. Temps beau ;

aucun appareil disponible dans escadrille, pars sur Morane, avec Lerendu, à 9 heures pour surveiller région Mulhouse, Guebwiller Thann, contre avion boche.

Survole toute la région atterris en surveillance, de moi-même, au sommet de la montagne sur les Vosges, nommée le Rossberg. A côté de Thann, altitude 1196 mètres. A 4 kilomètres du front. Terrain très mauvais et petit. Couvert de neige.

Impression merveilleuse, féerique : domine toute la région.

Aperçois Aviatik survolant région Guebwiller. Pars à sa poursuite du sommet de la montagne. Prends mon départ sur le flanc de la montagne, dans le vide, et me trouve de suite à 1200 mètres.

Fonce sur Aviatik qui, m’ayant aperçu de loin, s’enfuit dans ses lignes Le mitraille dans sa descente.

Reviens atterrir à mon point d’observation, goûtant délicieusement les beautés de la région.

Prends nombreuses photographies. Fais une visite à tout le sommet ; descends sur le flanc, visite une étable de bestiaux abandonnée et une auberge. Rapporte beaucoup de souvenirs boches.

Enfin je repars avec Lerendu sur Morane, dans le flanc de la montagne et rentre à Lure à 13 heures.

Je trouve capitaine et tout le monde affolé, dans l’inquiétude, ayant téléphoné partout et me croyant prisonnier ou tué.

Leur fais un compte rendu et m’amuse beaucoup.

Déjeune, installe mes souvenirs boches dans ma tente.

A 17 h 30, repars à nouveau sur Morane, avec officier mitrailleur, pour protéger contre avions boches la région Dannemarie et Altkirch.

On a fait réglage de tir.

Survole Unité la région, éloigne un avion boche.

Vois un fort bombardement de nos pièces.

Vois un Voisin qui atterrit entre le canal et le village.

Rentre à Lure.

Atterris à 19 h. 50.

Dîne. Reçois félicitations de toute l’escadrille. Coucher. »

1er mai Transfert de l’escadrille MS 49 de Lure à Fontaine

Célestin Pégoud va à Paris prendre livraison d’un Nieuport

samedi 17 novembre 2012
par  claude thollon-pommerol

Pégoud change d’avion

Du 18 au 22 avril Pégoud est à la RGA (Réserve Générale d’Aviation) pour prendre un nouvel avion avec lequel il revient : le Nieuport 10 numéro 210

A son retour lui sont confiées des missions de chasse.

Ordres de mission

29 avril

Avion de chasse

Adjudant Pégoud Adjudant Clément Sergent Gilbert

30 avril

Patrouille de chasse de 4h30 à 6h

pilote adjudant Pégoud observateur lieutenant L’Huillier

pilote sergent Jansen, observateur mécanicien Morelle

1er mai

De service matin

adjudant Pégoud

2 mai

Patrouille 4h30

pilote adjudant Pégoud, observateur sous-lieutenant de Muiteguiagua

3 mai

De service

pilote adjudant Pégoud observateur lieutenant L’Huillier

4 mai

Patrouille 4h30

pilote adjudant Pégoud, observateur sous-lieutenant de Muiteguiagua

05 mai

Patrouille 16h

pilote adjudant Pégoud, observateur mécanicien Lerendu

06 mai

Patrouille 4h30

pilote adjudant Pégoud, observateur mécanicien Lerendu

07 mai

Barrage 13h

pilote adjudant Pégoud, observateur lieutenant Gastin

Lors des missions de chasse ou de bombardement, c’est Lerendu qui l’accompagne, même si il est nommé « observateur ». Simple soldat, Lerendu n’a pas le droit de faire des missions d’observation réservées aux officiers qui font rapport à l’Etat-Major.

Par contre comme bombardier ou mitrailleur il fait l’affaire.

Avec ses Compagnons d’Armes

samedi 17 novembre 2012
par  claude thollon-pommerol

Cette page donne assez exactement, en raccourci, une idée des occupations et des émotions de l’aviateur. Ce sont celles que Pégoud préfère et il s’y abandonne avec une joie spontanée, chaque fois qu’il le peut.

Mais il lui faut assez souvent demeurer sur la terre ferme, et là, il se mêle le mieux qu’il peut à la vie de ses compagnons d’armes. Voici, tiré d’un carnet de Pégoud, le récit d’une curieuse excursion dans les tranchées : »

« 7 mai.

- Temps couvert, pluie. Déjeune. A 14 heures, partons en voiture pour tranchées de première ligne à Aspach-le-Bas. Traversons en voiture la frontière, les villages alsaciens. C’est vraiment très joli, plein de verdure.

Arrivons à X… où nous laissons la voiture, partons à pied, à travers bois, en baissant la tête pour éviter les balles et n’être pas aperçus, les Boches étant à environ 400 mètres de nous. Plusieurs pièces de 75 et 120 tirent à côté de nous. Arrivons au passage à niveau, tout près de la gare d’Aspach-le-Bas. Nous collons contre les créneaux et risquons vivement un coup d’œil. Au-dessus, le canon fait rage, autour de nous, pendant que les obus se croisent au-dessus de nos têtes. Prends un grand nombre de photos, et par-dessus les créneaux, prends le village d’Aspach-le-Bas, à 200 mètres. Les Boches sont à 150 mètres, du côté de la gare d’Aspach. Plusieurs 75 et 120 ont éclaté dans le bois près de nous, en ramasse les éclats. Épatant comme souvenir. Vais aux tranchées en rampant dans les boyaux. Regarde au périscope. Merveilleux ! On voit très nettement les tranchées boches, pendant que leurs balles font rage sur les tôles d’acier. »

08 mai

Patrouille 5h pilote adjudant Pégoud, observateur lieutenant Gastin

09 mai

Avion de recherche Région Colmar, Munster,Guebwiller ; pilote adjudant Pégoud, observateur sous-lieutenant de Minteguiaga

10 mai

Barrage 13h pilote adjudant Pégoud, observateur sous-lieutenant de Minteguiaga

23 mai

Détachement à Corcieux ; (3 avions)

09 juin

Retour de Pégoud à l’escadrille ;

« Ce sont là distractions de saison : Pégoud n’en abuse pas. Il est trop absorbé par son service : »

« 17 juin.

- Mes mécaniciens ayant démoli ma mitrailleuse de son appui, en sortant l’appareil hier pour chasse, la fais monter avec articulation.

Le général Thevenay, gouverneur de la place de Belfort, vient nous rendre visite, à 17 heures, s’intéresse à tous les appareils et pilotes. Ensuite quelques vols sont exécutés devant lui.

Buvons le Champagne dans nouveau pavillon nommé Armenonville, qui est de ce fait arrosé.

Un boche étant signalé, mon appareil n’étant pas prêt, mon camarade Gilbert part sur le sien qui est en ligne de départ.

Le général prend congé de nous.

Le prends plusieurs fois en photo.

Gilbert atterrit, nous apprend qu’il a descendu un Aviatik vers Thann.

Son appareil et son moteur ont reçu plusieurs balles.

Partons en voiture pour aller voir l’Aviatik. Les douaniers et gendarmes traînent dans la pente les deux cadavres, pilote et passager, qui sont absolument mutilés, brisés de toutes parts. Le passager absolument mutilé aussi, le crâne défoncé.

Nous remontons plus haut, vers l’appareil, qui ne représente plus qu’un tas de débris informes.

Fuselage absolument métallique, ainsi que les ailes. Moteur admirable, 6 cylindres représentant au moins 200HP, cylindre 130 X 180.

Prends des photos au magnésium, emporte souvenirs.

Gilbert crie la faim, descendons en vitesse. L’escadrille Caudron est avec nous.

Arrivons à la Chapelle, mangeons à la popote de l’escadrille.

Buvons Champagne en l’honneur de Gilbert. »

Sur la rive allemande du lac de Constance. Gilbert partit le 27 au matin et Pégoud l’accompagna quelque temps, pour protéger sa route contre les avions ennemis.

« 27 juin.

- Le matin 7 h. 30, pars protéger Gilbert jusque de l’autre côté de Bâle, environ 50 kilomètres de la ligne. Gilbert continue sa mission d’aller bombarder Friederichshaffen. Je fais demi-tour, prends photo. Suis canonné très violemment, en tir très précis, par gros calibres, à l’est d’Altkirch. Remonte tout le front. Force un Aviatick à piquer dans ses lignes. Survole région jusqu’à Colmar. Atterris à Corcieux. Reviens à Fontaine, fais faire le plein et préparer l’avion.

« A 12 heures, repars chercher et protéger Gilbert. Vole dans une mer de nuages. Fais trois fois Voyage de Bâle – la ligne de front. Rien ! Atterris à 15 heures ! Gilbert pas revenu. Ai beaucoup souffert du froid à 3000 mètres ; il gèle. La journée se passe ; sommes tous consternés. Pas de nouvelles. Gilbert pas revenu.

28 juin.

- Enfin, ce matin, nous apprenons que Gilbert a été obligé d’atterrir par suite de panne, en Suisse, à Rheinfelden, à l’est de Bâle. A l’atterrissage, a cassé son appareil. Des soldats suisses l’ont fait prisonnier. Nous sommes très heureux qu’il ne soit pas resté aux mains de l’ennemi. »

Même activité en juillet.

06 juillet

Déplacement à Corcieux pour une opération locale ;

27 juillet

promotion sous-lieutenant ;

11 juillet 1915 attaque d’un Aviatik C au-dessus d’Altkirch

« 11 juillet. – On signale un Aviatik survolant région Dannemarie. Neuf minutes après, ne vois rien ; continue ma patrouille vers Thann, Belfort et frontière suisse.

Survole à nouveau Dannemarie et vois au loin, vers Bâle, un point noir grossissant. Bientôt je distingue un superbe Aviatik.

Cherche à attirer sur nos lignes.

Plusieurs simulacres attaque.

Il ne vient pas, survole ligne front. Voyant ceci, fonce dessus et immédiatement passe en dessous de lui, pendant qu’il me tire avec sa mitrailleuse vers l’arrière. Son tir n’a pas de précision, étant gêné par son fuselage.

Cherche à me placer toujours en dessous, y réussis par mes évolutions souples et rapides, épousant absolument les mouvements de l’avion ennemi. Arrivé par un bond à environ 50 mètres au-dessous, commence à le mitrailler avec une première bande de 25 cartouches, en visant un peu derrière le moteur, ensuite fauchant le pilote et le passager.

Après une dizaine de cartouches, l’avion pique du nez en chute ; des flammes sortent du fuselage ; le poursuis dans sa chute, tirant toujours et rechargeant ma mitrailleuse.

A 1600 mètres, me trouvant sur lignes ennemies dessus Altkirch, redresse mon avion, en surveillant la chute de l’Aviatik qui va s’écraser sur la route, à côté d’Altkirch, entre la voie ferrée et le village, où les débris restèrent très visibles.

Suis fortement canonné. Rentre à Fontaine, pendant que notre artillerie tire sur le rassemblement provoqué par la chute de l’avion, à environ 2 kilomètres de nos lignes ; grande joie à Fontaine.

Téléphone au Grand Quartier, au Bourget et Remiremont, reçois félicitations de partout. Mon appareil est pavoisé par mécaniciens de l’escadrille : très beau. »

12 juillet 1915

Ordre N° 21

« Le Capitaine Voisin est heureux de transmettre aux Escadrilles de la 7ème armée les félicitations du Général de Maud’huy pour leur coopération aux attaques de la 41ème Division sur la Fontenelle, le 8 juillet dernier, où elles ont fait preuve des qualités d’activité et d’endurance qui avaient été déjà appréciées par le commandement au cours des combats de METZERAL.

Les escadrilles ont pu se convaincre en outre que nous gardons sur nos adversaires de l’air, la supériorité morale ; pendant les 5 heures qu’a duré la bataille, aucun aviatik n’a tenté de troubler le travail si utile exécuté par nos avions.

Cette supériorité morale ne peut que s’accroitre après le succès de l’adjudant Pégoud abattant un avion allemand au-dessus d’Altkirch le 11 juillet.

Le capitaine Voisin le félicite chaleureusement au nom de la 7ème armée et le remercie d’avoir vengé nos camarades de la M F 14, le lieutenant Chardin et le sous-lieutenant Richard tombés au champ d’honneur le 26 juin dernier. »

(JMO Escadrille MS 49)

« Dans la façon de procéder qui vient d’être analysée on voit la tactique aérienne de Pégoud. Ce fut là son dernier exploit, non qu’il se reposât, mais les aviateurs ennemis, qui savaient sa présence sur cette partie du front, la fuyaient et rentraient dans leurs lignes aussitôt que cet adversaire redoutable était reconnu dans le ciel.

Cette fuite n’est-elle pas le plus certain des hommages, l’aveu d’une supériorité qu’on se sait incapable d’affronter ?

Mais l’ennemi épie à son tour. Il suit la manœuvre de celui qu’il redoute, il n’ignore plus comme il combat et comment on pourra l’atteindre. Insoucieux du danger, conscient de sa force, Pégoud néglige un peu trop sa protection personnelle, convaincu que sa présence d’esprit saura toujours le sauvegarder.

Le 15 juillet, il a été nommé sous-lieutenant de cavalerie et n’apprend l’événement que par hasard, à Paris, dix jours plus tard.

« Fais courses, écrit-il le 27 juillet, sur son calepin. Apprends par journal que suis passé sous- lieutenant de cavalerie depuis le 15 juillet. Commande tenue. »

Bientôt, une troisième citation à l’ordre du jour de l’armée, très flatteuse encore et qui va compléter, par la croix de la Légion d’honneur, la série des récompenses déjà obtenues par Pégoud, vient récompenser toutes ces actions d’éclats.

C’est alors que cette carrière étonnante d’audace va se trouver brusquement interrompue.

En escadrille

Escadrille M.S. 49.

Troisième en partant de la gauche : Sous-lieutenant JENSEN

Quatrième : Sous-lieutenant Eugène GILBERT

Cinquième : Capitaine Constantin ZARAPOFF

Sixième : Sous-lieutenant Adolphe PEGOUD

Septième : Sous-lieutenant Paul COURRIERE

Revue « Sur le vif » du 10 juillet 1915

Son appareil ayant été mis hors d’usage vers le milieu de juillet, Pégoud était venu à Paris en chercher un nouveau et en avait profité pour faire effectuer sur celui-ci, un Nieuport, des modifications dont l’expérience lui avait enseigné l’utilité.

Dès le début d’août, il avait réintégré son poste, mais le temps se montra alors trop souvent pluvieux et peu propice à l’action.

Une quinzaine de jours pourtant, Pégoud put prendre les airs et sa présence s’y révéla surtout par le nombre des Aviatiks qu’il mit en fuite. Pourtant, le 28 août, il put engager le combat avec un Aviatik nouveau modèle, qui soutint le choc et parvint, au cours de la lutte, à crever le réservoir à essence de Pégoud, de telle façon que le liquide s’écoula très vite. L’aviateur se trouvait alors à 2000 mètres au-dessus de Mulhouse.

Il dut descendre en vol plané et passer au-dessus des lignes ennemies, subissant, à 400 mètres, un feu nourri d’infanterie et d’artillerie, qui ne l’abandonna même pas à l’atterrissage. Ceci, bien entendu, ne rebuta point Pégoud ; il avait remarqué, chez l’ennemi, la disposition nouvelle qui avait permis d’atteindre son moteur et de le vider si rapidement.

« Ils m’en veulent, je le vois, mais ils ne m’auront pas ! » dit-il, défiant ainsi ceux dont il avait eu tant de fois raison.

Duel mortel

Trois jours après, le mardi 31 août, nouvelle alerte et nouveau combat. A 8 heures et demie, un avion allemand est signalé au-dessus de Montreux, venant sur Belfort.

Aussitôt, sans hésiter et sans attendre d’ordre, Pégoud vole au-devant de l’adversaire. C’était -on l’a su depuis – un appareil blindé, monté par deux personnes et armé puissamment.

Pégoud, lui, était seul pour conduire son avion et combattre l’autre. Il le rejoint et épuise aussitôt une bande de mitrailleuse.

Pour recharger, il fait un grand virage, et, l’opération achevée, fonce sur l’Aviatik, sans chercher à éviter par des feintes les projectiles dont on l’accable.

C’est alors que, pris dans le champ de tir, une balle frappe Pégoud au cœur, et, l’aorte traversée, il s’écroule de 2000 mètres, dans toute l’action de la lutte, en pleine activité de son moteur.

C’est fini. Deux ans, presque jour pour jour, se sont écoulés depuis la première expérience.

Ceux qui, assistant à ce duel aérien, ne voulaient pas croire que Pégoud en fût la victime, accourent et trouvent l’héroïque pilote, mutilé et sanglant, gisant à Petit-Croix, sur le territoire de Belfort. Il repose maintenant au cimetière de Brasse, à Belfort, salué par l’émotion publique d’une région qu’il avait si efficacement protégée, et par la reconnaissance amicale de ceux qu’il nommait ses camarades de l’air.

La croix de la Légion d’honneur, qu’on lui avait promise lors de son premier exploit et qui avait été retardée parce qu’un fonctionnaire, soucieux des règles, s’était aperçu que Pégoud était seulement pilote civil et non pas pilote militaire, cette croix si bien gagnée fut déposée sur son cadavre, trois heures plus tard. L’Allemand qui atteignit Pégoud avait, assure-t-on, écouté les explications fournies par le Français, un an auparavant, à Berlin, avec une générosité trop prodigue. N’est-elle pas symbolique cette destinée de Pégoud ? Le Français innove, imagine, crée, fait part aux étrangers de ce qu’il a trouvé ; confiance trop souvent mal placée et dont il devient victime.

Au surplus, l’exemple de Pégoud ne fut pas seulement un cas accompli d’habileté et de vaillance personnelle. Son audace a contribué à fixer la tactique de l’air, et tel procédé qui, de sa part, semblait téméraire, est considéré maintenant comme un excellent moyen de vaincre. Il combattait le plus souvent seul, on l’imite ; les dispositions de ses appareils sont acceptées comme ses méthodes de combat.

Quelqu’un qui fut bien à même d’apprécier le mérite de Pégoud, le général Démange, commandant le Territoire de Belfort, s’exprimait ainsi, en confiant à la terre ce qui restait de l’aviateur massacré : « Les héros que produit, dans les circonstances présentes, notre belle terre de France, sont innombrables ; parmi eux, celui que nous accompagnons aujourd’hui au champ du repos fut le héros des héros, sublime, comme le ciel qui était et demeure son domaine. Lieutenant Pégoud, modèle admirable de vaillance française, au nom de toutes les troupes de la région fortifiée de Belfort, je vous salue ! » Ces paroles d’un chef, parlant pour tous, sont l’hommage le plus digne à la valeur du disparu et le témoignage le plus sûr de ce que la France perdit en le perdant.

18 juillet 1915

Citation à l’ordre de l’Armée en date du 18 juillet 1915 : « Adjudant Pilote à l’escadrille MS 49 ; seul sur son appareil, a engagé un combat avec un Aviatik puissamment armé et monté de deux passagers, l’a abattu à portée de nos lignes après une lutte très vive où il a fait preuve d’une audace et d’une habileté au-dessus de toute éloge. »

28 août1915

Légion d’Honneur pour Chevalier pour prendre rang du 28 août 1915 : « Sous-lieutenant de Réserve à l’escadrille MS.49, d’un entrain et d’une bravoure au-dessus de tout éloge, aussi modeste qu’habile pilote, n’a pas cessé, depuis le début de la campagne, de mettre ses merveilleuses aptitudes au service de son pays. Accumulant journellement les traits de courage et d’audace, n’en est plus à compter les combats qu’il a engagés seul à bord contre des avions puissamment armés. Le 28 août, au cours d’un duel aérien, a eu son avion criblé de balles. Obligé d’atterrir, a pris aussitôt toutes les dispositions pour sauver son appareil, malgré un feu intense des batteries allemandes. »

Peut-être cet intrépide avait-il fini par se croire invulnérable

samedi 17 novembre 2012
par  claude thollon-pommerol

Mort d’un Aviateur Français

L’héroïsme est si répandu et paraît si naturel sur notre front ; il est devenu, aux yeux de ceux qui le pratiquent chaque jour, chose si courante, qu’un éloge spécialement décerné semble impliquer une sélection arbitraire parmi les innombrables Français qui, avec une égale sérénité, sont morts pour la patrie.

L’injustice serait cependant de ne pas rendre un hommage particulier à l’aviateur Pégoud qui, après tant de prouesses, est tombé dans nos lignes, frappé dans un combat aérien par une balle ennemie.

Non seulement Pégoud comptait parmi les plus populaires de nos champions de l’air, mais l’audace et l’utilité de ses expériences, les plus « folles », semble-t-il, que l’on ait tentées jusqu’ici, lui assurent pour jamais une place tout à fait à part dans l’histoire de l’aviation.

C’est seulement au début de l’année 1913 que Pégoud commença son apprentissage de pilote. Au mois d’août, il se révèle au grand public par un acte qui donne la mesure de son courage : à 200 mètres de hauteur, il saute de son avion pour essayer un parachute. Il touche terre sans accident, et, quelques jours plus tard, il stupéfie le monde par un exploit encore plus inattendu : il vole la tête en bas, et boucle la boucle.

Du jour au lendemain, l’aviateur conquiert une célébrité mondiale ; de tous les pays du monde on l’appelle ; on l’acclame à Berlin, à Francfort, en Roumanie. L’un après l’autre tous les aviateurs veulent l’imiter, et Pégoud leur prodigue ses conseils.

En bouclant la boucle, il n’a pas seulement fait œuvre de virtuose ; il a montré qu’à un moment où autrefois l’aviateur se croyait perdu, il peut encore se redresser s’il est assez haut et s’il sait manœuvrer.

Pégoud avait fait comme engagé volontaire la campagne du Maroc. A la déclaration de guerre, il est enrôlé dans la phalange des aviateurs, où il se montre de suite un brave parmi les braves. Deux fois cité à l’ordre du jour de l’armée, nommé adjudant, puis sous-lieutenant, il reçoit la médaille militaire, et la remise de cette décoration, sur le front, est l’occasion d’une manifestation chaleureuse de ses camarades. Toujours sur la brèche, Pégoud effectua de nombreux bombardements, et, il y a quelques semaines, il abattait son sixième aviatik. Peut-être cet intrépide avait-il fini par se croire invulnérable. Enfant du paradoxe, de même qu’il songea le premier à voler la tête en bas, il avait imaginé d’attaquer les avions ennemis, non en les survolant, comme il est de règle, mais en évoluant au- dessous d’eux ; cette tactique lui avait toujours réussi.

Notre héros était devenu la terreur des « camarades » qui naguère l’acclamèrent à Berlin. Ils cherchèrent un moyen de défense et, sans doute, des aviatiks furent armés de façon à pouvoir tirer sous l’angle voulu pour atteindre leur dangereux adversaire. Il y a quelques jours, Pégoud engageait uns nouvelle lutte avec un avion allemand ; une balle ayant traversé son réservoir d’essence, il avait eu grande peine à atterrir dans nos lignes.

Mardi dernier, dans son dernier duel aérien, une balle l’atteignit à la tête.

Les circonstances de cette mort tendraient à indiquer qu’il est peut-être imprudent de maintenir longtemps dans un même secteur tel aviateur d’élite, dont la tactique spéciale et les exploits doivent fatalement provoquer une riposte que ses adversaires habituels ont ainsi tout loisir d’étudier.

Le capitaine adresse au nom de toute l’escadrille un Adieu affectueux au Sous-Lieutenant Pégoud blessé mortellement dans un combat contre un avion allemand.

Notre brave camarade tombe victime de son courage et de son audace, il restera dans notre souvenir comme le modèle des vertus que la France demande à ses Enfants.

Que chacun puise dans le sacrifice que nous venons de faire l’énergie nécessaire aux efforts qu’il reste à fournir pour le succès des idées que nous défendons.

Le Sous-Lieutenant Pégoud est mort Chevalier de la Légion d’Honneur, juste récompense des ses services rendus et du courage dont il avait fait preuve dans le combat du 28 août 1915.

Ordre de mission pour les funérailles

Citations du Sous-lieutenant Adolphe Pégoud

Citation à l’ordre de l’Armée en date du 9 Octobre 1914 :

« Soldat Aviateur Réserviste : se dépensant sans compter, a fait preuve, depuis le début de la campagne, de qualités exceptionnelles de hardiesse et de sang froid, particulièrement au cours d’une mission. A eu par trois fois son avion criblé de projectiles. »

Médaille militaire par ordre du 17 février 1915 :

 » A, à plusieurs reprises, poursuivi des avions ennemis. Le 5 février 1915, a attaqué à bonne distance un monoplan et en provoqua la chute ; presque immédiatement après, il pu rattraper deux biplans successivement provoquer la chute du premier et forcer le second à l’atterrissage. »

Citation à l’ordre de l’Armée en date du 18 juillet 1915 :

« Adjudant Pilote à l’escadrille MS 49 ; seul sur son appareil, a engagé un combat avec un Aviatik puissamment armé et monté de deux passagers, l’a abattu à portée de nos lignes après une lutte très vive où il a fait preuve d’une audace et d’une habileté au-dessus de toute éloge. »

Légion d’Honneur pour Chevalier pour prendre rang du 28 août 1915 :

« Sous-lieutenant de Réserve à l’escadrille MS.49, d’un entrain et d’une bravoure au-dessus de tout éloge, aussi modeste qu’habile pilote, n’a pas cessé, depuis le début de la campagne, de mettre ses merveilleuses aptitudes au service de son pays. Accumulant journellement les traits de courage et d’audace, n’en est plus à compter les combats qu’il a engagés seul à bord contre des avions puissamment armés. Le 28 août, au cours d’un duel aérien, a eu son avion criblé de balles. Obligé d’atterrir, a pris aussitôt toutes les dispositions pour sauver son appareil, malgré un feu intense des batteries allemandes. »